Poésie éolienne

Hier en me promenant dans la campagne, je pestais contre l'homme. Je déplorais le sol jonché
du plastique qu'une vigne avait perdu,
et que le vent avait répandu.
Plus loin une décharge sauvage
au pied d'un pylône à haut voltage.

Quel dégoût ! Heureusement le chemin m'a bien conduit à ce que je désirais, le calme de la nature, les montagnes à l'horizon
et le charme de la floraison.
La beauté des paysages,
la nature contre ma rage.

Et puis au retour, je suis tombé sur un nouvel assemblage de barres de fer, un autre avatar de l'énergie humaine,
mais qui n'a pas heurté l'énergumène.
C'était une éolienne,
Pas très haute, à l'ancienne,

Avec une multitude de pales, qui tournait tranquillement au gré du vent. En m'approchant j'ai découvert qu'elle n'était plus reliée à rien, à aucune pompe, à aucune génératrice, et que par conséquent elle tournait inutilement, pour elle-même, ce qui en faisait comme un jouet d'enfant,
comme ces cerfs-volants hésitants,
ces moulins de papier tournoyants
qu'on animait en courant.

Je l'ai contemplée longtemps, écoutée en retenant mon souffle. Je l'ai trouvée bien poétique cette éolienne qui grinçait un peu, sans toutefois gémir,
et qui semblait ne plus vouloir servir
qu'à diluer les nuages dans le ciel immense,
pour protéger son bleu intense.

Christian Dehais - Tous droits réservés.